Bonjour à tous ! 

Connaissez-vous l'alphabet oghamique ? Si vous suivez mon travail depuis un moment, la réponse est oui, sans aucun doute, puisque la plupart des créations que j'ai déjà réalisé sur ce thème ont été adoptées. Un peu moins populaire que les runes nordiques, l'ogham n'en est pourtant pas moins fascinant à découvrir et à travailler. Tiens d'ailleurs, je suis bien curieuse de savoir qui parmi vous utilise ce système régulièrement ? Qu'il s'agisse de divination ou de toute autre pratique (les applications sont multiples, n'est-ce pas ?) 

- Mon jeu d'Ogham perso, entièrement fait de mes blanches mains -

Si je vous en parle, c'est tout simplement que, ces derniers jours, j'ai travaillé sur une série de parures (pendentifs réversibles et boucles d'oreille) consacrés aux arbres et arbustes de l'ogham celte (allez hop, séance de rattrapage pour celles et ceux qui ont loupé ça :) ). L'idée m'est venue un matin, au réveil. J'ai l'habitude de commencer ma journée en m'installant un moment dans la cuisine, assise au bar non loin de la fenêtre. Je profite tranquillement du silence relatif qui accompagne mon premier café en observant la faune et la flore au-dehors (parfois accompagnée de Mister Pumpkin, quand il est d'humeur et ne tourne pas en rond en miaulant pour réclamer sa gamelle). 

Entre les pies, les merles, les rougequeues, les accenteurs mouchets, et les chardonnerets de passage, il y a toujours de l'animation de l'autre côté de la vitre. Les veaux du pré d'en face grandissent en cotoyant les lièvres dans les hautes herbes et les fleurs sauvages. Et en levant les yeux à peine plus haut, buses, milans et faucons offrent le spectacle de leur vol majestueux à qui voudra bien en profiter. C'est l'avantage de vivre à la campagne, tout au bout du village, juste aux portes de la Nature ♥ 

Avant, il y avait un saule qui prenait une bonne partie du décor dont je vous parle. Un magnifique saule aux longues branches légères, ondulant au gré des vents, abritant bon nombre de nids au printemps. Je précise "avant", car il a été abattu l'an dernier, histoire de dégager la vue sur les monts alentours (c'est qu'il était grand le bougre). Mais lorsqu'il était encore là, autant vous dire que la population d'oiseaux par ici était bien supérieure et que les "piapiapia" allaient bon train ! Un merle avait d'ailleurs pris l'habitude de venir se percher au sommet juste avant le crépuscule, pour faire entendre sa voix et ses chants à toute la vallée environnante. Un vrai charmeur celui-là... 

Tout ça pour vous donner une idée de l'origine de cette série de bijoux oghamiques, partie d'un hommage à ce vénérable qui n'est plus, mais qui a accompagné pas mal de mes matinées lorsque je suis venue m'installer par ici. 

Mais revenons à l'ogham. S'engager dans l'apprentissage de ce système, ce n'est pas uniquement créer ou acheter un jeu, lire le livre du moment consacré à ce sujet, deux ou trois PDF sympas récupérés sur le net et commencer un tirage au milieu du salon. Et non, 'va falloir aller sur le terrain, partir à la rencontre des arbres associés aux caractères (feda) de cet alphabet (profitez des beaux jours, l'ouverture de la chasse, c'est pour bientôt... :( ) 

L'idée étant de commencer par apprendre à les reconnaître avant de les connaître. Distinguer le charme du hêtre, pour ne citer que ces deux-là. Découvrir les caractéristiques des uns et des autres, la forme et la disposition des feuilles, la couleur et la texture de l'écorce pour les jours plus froids où vous les retrouverez dénudés et à demi somnolant, observer leur milieu et leur rythme de vie... Toutes ces petites choses qui permettent de dégager un début de symbolique que vous affinerez ensuite en fonction de vos affinités et expériences personnelles. Renseignez-vous sur leurs éventuelles propriétés médicinales, il y a beaucoup à apprendre sur les végétaux par ce biais également. 

- Lierre, mon amour... ♥ -

Il est nécessaire ensuite d'apprendre à les connaître personnellement, individuellement. J'insiste là-dessus, vraiment. Le chêne en général, symbole de ceci ou celà selon telle référence ou tel auteur, c'est loin d'être la même chose que le grand chêne au milieu du verger en bas de la route, bien établi entre les buissons de genêts, celui qui a survécu à la foudre lors du dernier gros orage, et qui abrite depuis peu un couple de geais entre ses branches noueuses. "Mon" saule n'est pas "votre" saule. Vous voyez ce que je veux dire ?

Pourquoi s'intéresser à celui-ci plutôt qu'à son voisin ? Un bruissement de feuilles, un éclat particulier, une teinte qui vous fait vibrer... N'importe quel détail qui attire votre regard, qui éveille vos sens et vous parle au plus profond de votre être. 

Et bien évidemment, lorsque vous partirez à la recherche de telle ou telle espèce, il est plus que conseillé de vous adapter à votre environnement : les arbres traditionnellement associés aux feda de l'ogham sont rattachés à une géographie et un climat particuliers, qui ne sont pas forcément les vôtres selon le lieu où vous résidez. Si aucun massif de bruyère ne pousse par chez vous, pas la peine de vous acharner. Trouvez simplement une alternative, un équivalent local avec des similarités, physiques et/ou symboliques. C'est l'occasion de repérer et de profiter des bienfaits des espèces qui ne poussent que dans votre région justement ! Et puis rassurez-vous, personne ne vous en voudra d'avoir fait un ou deux changements... ;) 

- Un (petit) aperçu des bijoux à retrouver en boutique :) -

Je vous ai parlé du saule plus haut, mais il est loin d'être le seul arbre auquel je me suis attachée dans le coin. Je pourrais vous parler de la Grande Reine, une aubépine solitaire située un peu plus haut dans les monts - une véritable splendeur lors de sa floraison, qui a bien choisi sa place avec une vue imprenable sur Lyon en contrebas. Ou bien ce couple tendrement entrelacé, une aubépine (oui, encore) liée à un prunellier, une épine noire éprise d'une épine blanche... le mariage parfait au royaume de féerie !

Chacun d'entre eux est source d'inspiration, et c'est un peu de leur caractère que j'ai souhaité mettre en avant à travers ces quelques bijoux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il n'y a systématiquement qu'un seul exemplaire pour tous les bijoux de cette série (qui est loin d'être terminée) : chaque arbuste, chaque arbre est unique, il en va donc de même pour ces pièces qu'ils m'ont amenée à créer ♥ 

Bonjour à tous !

J'ai une relation compliquée avec le fil. Pour tout vous avouer, je ne suis pas fichue de faire une couture qui tienne plus d'une demi-heure et ça a plutôt tendance à m'agacer / frustrer / énerver / fatiguer... (rayez les mentions inutiles). Je ne suis pas non plus attirée par quelque technique artistique que ce soit ayant un rapport de près ou de loin avec le maniement du fil et de l'aiguille (j'ai bien eu un certain intérêt pour les bracelets brésiliens dans ma jeunesse, mais passons :P ). J'apprécie en revanche découvrir les oeuvres des personnes douées dans ces domaines, qu'il s'agisse de laine feutrée, de crochet, de tricot même parfois, mais clairement non, ce n'est pas pour moi. Chacun son truc, n'est-ce pas ? Et pourtant, parmi toutes ces techniques liées au fil, il y en a une qui a retenu mon attention un jour, et que je pratique très, très régulièrement depuis : le tissage des attrape-rêves. 

Voilà un sujet auquel j'ai eu tout le loisir de réfléchir ces derniers temps, en préparant la collection de bijoux dreamcatcher "Chamane". La plupart des créations que je propose dans la boutique étant quand même plutôt axées tradition, mythologie et spiritualité celto-nordisante, on peut naturellement se poser la question. Pourquoi cet intérêt pour un objet dont l'origine trouve sa source de l'autre côté de l'Atlantique ? (c'est qu'on m'a posé la question tout récemment) La première raison à celà est liée à l'historique de Lune de Sève : les toutes premières créations à avoir été proposées à la vente n'étaient autre que des attrape-rêves et, bien que je ne sois pas vraiment superstitieuse, je me dis que ne plus en proposer reviendrait à toucher à la base, à la fondation et, d'une certaine manière, à en couper une racine. Mauvaise idée. La seconde raison, quant à elle... Hum, la seconde raison va nécessiter un développement un peu plus long :) 

Parlons tout d'abord de l'aspect symbolique de l'attrape-rêves et de sa toile. Au-delà du caractère protecteur qu'il revêt une fois terminé ; ce qui m'intéresse évidemment, c'est le processus de création en lui-même. Tisser la toile de sa vie, de son propre destin... Ça ne vous rappelle pas quelque-chose ? Les Moires et les Parques des mythologies grecque et romaine par exemple, sans oublier les Nornes, filant la destinée des hommes et des dieux à l'ombre du grand Yggdrasil. Le tissage comme métaphore du cheminement de vie et de la multitude de choix possibles est loin d'être nouveau, et le dreamcatcher s'avère être un excellent support de réflexion lorsqu'on est confronté à de grands bouleversements ou à une prise de décision conséquente. Plutôt que de reléguer vos pensées en arrière-plan dans un coin de votre tête, l'idée est de s'arrêter un moment, et d'occuper ses mains le temps d'évaluer les tenants et aboutissants de la situation. Pour ma part, c'est ce que j'ai fais lors du lancement de Lune de Sève, et ça s'est traduit par une période de tissage intensif accompagnée d'un mantra : "Tisser le Rêve jusqu'à ce qu'il prenne vie". 

Comme pour n'importe quelle activité manuelle, il est question de transformation avec le tissage. Passer de quelque-chose de brut à un produit fini. C'est une sorte de quête personnelle : on commence par rassembler les différents matériaux, tout ce dont on va avoir besoin, on visualise le résultat auquel on souhaite parvenir, puis on travaille au mieux de ses capacités jusqu'à aller au bout, au but, sans abandonner ni rien lâcher en cours de route. Chaque étape, chaque point ainsi formé permet de poursuivre en offrant une base solide sur laquelle s'appuyer pour la suite du parcours. 
 

Bien sûr, il y a aussi le lien avec l'araignée. Pour quelqu'un qui s'intéresse de près à la symbolique animale, ainsi qu'au travail avec les esprits-animaux, totems, guides (appelez-les comme vous le souhaitez, c'est de toute façon un autre sujet), difficile de ne pas en faire mention. Une des légendes attribuées à la création de l'attrape-rêves met en scène le dieu-araignée Iktomi tissant une toile destinée aux hommes, afin qu'ils puissent y emprisonner le meilleur de leurs rêves et de leurs visions. Le dreamcatcher devient ainsi un objet d'inspiration, permettant d'atteindre plus facilement son but. Ajouté à celà, je vois également dans la symbolique de l'araignée l'idée d'endurance, de persistance, l'envie et surtout le courage nécessaires pour mener un projet à son terme et le voir couronné de succès. S'il vous est déjà arrivé d'héberger une araignée dans un coin de fenêtre (ce dont je ne doute pas), avez-vous pris le temps d'observer la persévérance dont cette petite créature fait preuve en recontruisant chaque jour une nouvelle toile, inlassablement ? 
 

Puisqu'on en arrive à l'idée de recommencement, parlons également de l'aspect méditatif lié au tissage. C'est sans doute pour moi la raison principale qui me fait attraper mon matériel et m'installer à ma table de travail :) La répétition du mouvement, du geste, faire et refaire, par-dessus, par-dessous, dans un mouvement de spirale... Instaurer ce rythme incessant est un bon moyen d'accéder à un état modifié de conscience qui, même s'il reste relativement léger, peut être utilisé pour des applications diverses et variées. Résoudre un problème par exemple, en formant - littéralement - des liens et des connexions qui n'étaient pas forcément évidentes jusque là. 

Ce mouvement créé lors du tissage de la toile n'est pas anodin : il s'effectue de l'extérieur vers l'intérieur, avec des points de plus en plus rapprochés les uns des autres. Ce simple geste répété nous ramène doucement en nous-même, de plus en plus profondément. C'est à mes yeux un moyen d'introspection très, très efficace, un appren-tissage de soi, de son être, agissant un peu de la même façon qu'un mandala. Avec cette petite particularité en plus : pour revenir à l'instant présent, rien de plus simple, une fois votre méditation et votre toile terminées, faites un noeud et coupez le fil ! Effet immédiat garanti ;) 

C'est un tout autre monde qui émerge lorsque l'on se consacre à une activité répétitive de ce type. Vraiment. C'est un entre-deux fait de va-et-vient, d'allers et de retours, d'équilibre également, entre tension et relâchement, pour assurer à la toile la régularité de sa forme une fois achevée. Il s'agit d'être dans l'action, tout en contemplant ce qui est en train de se passer, de naître entre vos doigts. Je retrouve d'ailleurs sensiblement la même chose dans le tracé des entrelacs celtiques si chers à mon coeur et à mon esprit. Imaginez un peu le moine copiste qui y a consacré sa vie, des heures et des heures de méditation par le biais de la plume... Fantastique, non ?

Récapitulons : réflexion sur son propre cheminement, visualisation de projets futurs, matérialisation d'une idée ou d'une vision, transformation, répétition du geste, accès à un autre état de conscience... Ou comment l'attrape-rêve peut également s'avérer être un outil magique des plus sympathiques ! Voyez un peu, il est tout à fait possible d'y fixer une intention au fur et à mesure que le tissage progresse. Avec le bon état d'esprit, l'idée est de capturer au sein de la toile une énergie en particulier, de charger l'objet durant sa confection dans un but précis, point après point, lien après lien. C'est un peu le même principe qu'avec la magie des cordes ou des noeuds, pour celles et ceux d'entre vous qui seraient familiers avec ces pratiques. Ne reste plus qu'à intégrer quelques symboles supplémentaires en décorant votre attrape-rêve, en fonction de ce que vous cherchez à atteindre. Pierres, plumes, fleurs, coquillages, talismans divers et variés... Recherchez les propriétés des uns et des autres et soyez créatifs dans vos associations :)